J’ai conseillé à un ami, qui fréquentait la même école que moi jusqu’à présent, de postuler à l’école 42, et de participer à la piscine.
Pourquoi ? C’est ce que je détaillerai dans ce billet.
42, c’est quoi ?
Tout d’abord, il semble nécessaire de parler de cette école : 42, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi 42 ?
Mes lecteurs “geeks” auront reconnu l’allusion à la réponse universelle, de l’écrivain Douglas Adams, dans son livre Le guide du voyageur galactique (The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy).
(D’ailleurs, je n’ai pas lu le livre, j’en ai presque honte, mais si quelqu’un veut bien me le prêter …)
Le nom de l’école provient donc d’une référence connotée “geek”. C’est plutôt un bon départ, pour une école d’informatique, non ?
Fondée par Nicolas Sadirac (ancien directeur général d’Epitech), ainsi que deux de ses cadres dirigeants, Kwame Yamgnane et Florian Bucher, et financée intégralement pour les dix premières années de fonctionnement par Xavier Niel (fondateur d’Iliad, la maison-mère de Free, notamment) : ensuite, Xavier Niel espère que d’autres entreprises prendront le relais pour financer une formation innovante et permettant à de jeunes talents d’être formés gratuitement à l’informatique.
Généralement, quand Xavier Niel annonce une nouveauté, cela provoque un grand bruit (Cf le lancement de Free mobile). Cela n’a pas manqué avec le lancement de 42, à tel point que près de 50000 personnes ont débuté les tests de recrutement. Sur ces 50000, dont je faisais partie, beaucoup se sont arrêtés, soit en cours de route, soit à la fin des tests, pour la simple raison que la candidature était uniquement “pour voir comment c’était” : le fait est que les tests sont amusants, principalement des tests de logique et de persévérance …
Lorsque j’ai vu les résultats que pourraient donner cette école, et l’offre immédiate d’Ametix d’offrir un poste payé 45000€ annuels pour la première promotion sortante, je dois avouer que j’ai été emballé : enfin, une formation de pointe dans l’informatique était proposée en France, et cela gratuitement !
En regardant le programme, je dois avouer que c’est très complet. Surtout en trois ans … nous verrons bien ce que ça donnera dans la pratique, après tout.
Pourquoi je l’ai conseillée, et à qui ?
Dans mon école, où je suis en cinquième et dernière année d’études (une école privée dont je ne vanterai pas les mérites), j’ai des amis, dont un qui est en première année. Il m’a avoué pendant cette année s’ennuyer pendant les cours, il trouvait que cela n’allait pas assez vite, qu’il n’apprenait pas grand chose. Je lui ai donc naturellement répondu que je comprenais ce qu’il ressentait … et puis, finalement, je lui ai conseillé de passer les tests d’admission de 42. Surpris au départ, puis curieux, il a finalement passé ces tests. Puis, étant admissible, il s’est posé la question de savoir si ça valait vraiment le coup. Là encore, je lui ai conseillé de poursuivre le processus en se rendant à Paris pour le “check-in”, autrement dit une présentation de ce que serait l’école pendant le premier mois d’été, puis pendant les trois ans qui suivent.
Finalement, il est allé à ce “check-in”. Puis il en est revenu, un peu effrayé. Je me rappelle ses paroles “Ils parlent de 60 à 70 heures de travail par semaine, je tiendrai jamais le coup.”
Effectivement, le rythme, surtout pendant la piscine, est éprouvant. Pour les débutants complets, c’est facilement douze heures de travail par jour, pendant tous les jours de la semaine. Pas de vacances pour trois ans, pas de week-ends (sauf si l’étudiant le décide … et accepte les conséquences ;–) ) : il faut être paré.
Aujourd’hui, il fait partie de la seconde “piscine”, période ultime de sélection, où environ 750 étudiants travaillent, pendant un mois complet, et se plongent, d’abord dans le Shell, puis rapidement et pour le reste du mois dans l’apprentissage du langage C. Les premiers abandonnent dès le premier jour, beaucoup suivent … pendant tous le mois. De la piscine de juillet, il est resté 500 étudiants sur les 800 du départ : on peut juger que beaucoup ne pouvaient pas tenir le rythme, où n’étaient simplement pas fait pour travailler dans l’informatique … ce qui est totalement compréhensible (on retrouve, globalement, des chiffres assez proches dans les premières années des autres écoles).
De ses mots, il commence réellement à apprécier la piscine. Je le comprends totalement. C’est un challenge permanent, sans rythme imposé, sans cours imposés (les cours sont sous forme de vidéos sur l’intranet, et chacun les visionne (ou pas) à son rythme afin de rendre les exercices (ou pas, là encore ;–) ).
Ce qui fait que cette piscine est passionnante, et que j’aurais sûrement adoré ? Le challenge, tout d’abord, la découverte de nouvelles choses, la nouveauté …
Les inconvénients sont de respecter la Norme de 42 … ma foi assez stricte, mais je pense, très formatrice.
A quoi ça sert de sortir des gens qui font du code illisible ? :–)
Si je lui ai conseillé 42, c’était parce que je savais qu’il était un peu comme moi, qu’il a en lui le “gêne” de l’informatique.
Quel est ce “gêne” de l’informatique ? Selon moi, cela se matérialise par une curiosité exacerbée, et un besoin de comprendre “comment ça marche”.
Depuis des années, je suis passionné et très curieux des machines que je découvre, j’ai envie de savoir comment elles fonctionnent, et je veux en savoir toujours plus.
De l’informatique sans challenge, sans renouveau, pour moi ce n’est pas de l’informatique, et je suis certain qu’il pense -ou pensera, dans quelques années- comme cela.
Et la suite ?
La suite, c’est que je suis persuadé qu’il terminera brillamment cette piscine, et je suis persuadé qu’il sera admissible dans cette école, parmi les mille étudiants sélectionnés.
Et je suis persuadé qu’il réussira ses trois années de formation haut la main, j’oserai presque parier qu’il sera assez haut dans le classement … mais pour ne pas lui mettre trop de pression, je ne vais pas le dire :–)
Dans tous les cas, je lui souhaite bien du courage, et il est certain que je serai ravi de le conseiller en tant que recrue dès que possible, pour des stages ou un premier emploi, parce que je sais qu’il sera un excellent informaticien.
Je n’ai pas conseillé cette école à beaucoup de mes connaissances. Pour dire vrai, je ne l’ai conseillée qu’à deux personnes, que je considérais apte à réussir. Une seule d’entre elle a relevé le défi, je lui souhaite tout le courage qu’il faut pour mener à bien ces trois années et en ressortir excellent.